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Discours de Doris Grollmann lors de la journée d’alerte du 20 mars 2015

Discours prononcé par Doris Grollmann, responsable de la Commission sectorielle « Traducteurs et interprètes jurés » de la CBTI, lors de la journée d’alerte qui s’est déroulée le 20 mars 2015 au Palais de justice de Bruxelles

Mesdames et Messieurs,
en vos grades, titres et qualités,
Chers collègues,

Les traducteurs jurés et les interprètes judiciaires travaillent jour et nuit pour veiller à ce que dans notre société multiculturelle, justice puisse être rendue par-delà toutes les frontières linguistiques. De cette manière, les droits de tous les citoyens sont préservés.

Pour assumer un tel rôle, il faut une très grande compétence linguistique professionnelle, une fiabilité, une intégrité, une impartialité et une discrétion à toute épreuve, mais aussi une très grande disponibilité. On pourrait dès lors s’attendre à ce que les traducteurs jurés et les interprètes judiciaires soient rémunérés équitablement et de façon ponctuelle. Hélas, ce n’est pas le cas.

Il est irresponsable déontologiquement que des personnes qui se mettent au service de la Justice soient mal payées au point qu’elles arrivent à peine à en vivre. En outre, elles doivent souvent attendre tellement longtemps le paiement de leurs prestations que leur survie s’en trouve hypothéquée.

Ajoutez-y le fait que ceux qui travaillent sous statut d’indépendant se voient infliger de lourdes sanctions lorsqu’ils ne paient pas à temps la TVA sur les montants qu’ils n’ont même pas encore encaissés ! C’est de l’injustice. En outre, l’État ne paie pas d’intérêts de retard sur les factures qu’il tarde à régler.

C’est à l’initiative de la Belgique, notamment, qu’a vu le jour la directive 2010/64/UE du Parlement européen et du Conseil du 20 octobre 2010, relative au droit à l’interprétation et à la traduction dans le cadre des procédures pénales. Cette directive a été transposée en droit belge par la loi du 10 avril 2014.

Le grand problème est que la Justice n’a ni les moyens ni les effectifs nécessaires pour mettre cette loi en pratique. Et pourtant, cette législation est un investissement dans l’avenir : la mise en place d’un registre national tenu à jour et le recours à des traducteurs jurés et des interprètes judiciaires professionnels permettraient de gagner beaucoup de temps et donc de réaliser de belles économies.

Quand un État ne se donne pas les moyens de respecter ses propres lois, on ne doit pas s’étonner qu’un fossé se creuse entre l’État et les citoyens.

Les traducteurs jurés et les interprètes judiciaires acceptent leurs obligations à l’égard de l’État et attendent, en espérant que ce ne soit pas en vain, que l’État respecte enfin ses engagements à leur encontre. Ils vivent une situation inacceptable – à l’instar d’ailleurs des magistrats, de leurs collaborateurs, des avocats et de tous les autres experts.

Nous sommes solidaires avec les autres orateurs et nous appuyons leurs revendications. Une justice efficace est la garantie d’une démocratie saine.

Je vous remercie de votre attention.

Pour la Chambre belge des traducteurs et interprètes,

Doris Grollmann
Membre du Conseil d’Administration
Commission des traducteurs et interprètes jurés

Contact

Chambre belge des Traducteurs et Interprètes (CBTI-BKVT)
Rue Montoyer 24 / B12
B-1000 Bruxelles
Tél.: +32 2 513 09 15

www.cbti-bkvt.org