Chers (chères) membres,
Lors de son assemblée du 14 juin 2014, votre conseil d’administration a décidé de quitter l’association Eulita, dont nous étions membres depuis la création en 2009.
Comme nous vous l’avions expliqué à l’époque, en dépit de ce statut, la CBTI a toujours estimé que cette nouvelle organisation constituait un affaiblissement de la force de frappe de FIT Europe, section européenne de FIT Monde. Au lieu de diviser nos forces, il aurait en effet été selon nous bien plus judicieux de renforcer la branche européenne de la section « traducteurs et interprètes jurés » de la FIT, en lui conférant notamment un pouvoir de représentation formel vis-à-vis des autorités européennes.
Parmi nos sources d’inquiétude, la faible représentation des associations professionnelles dans le cercle des membres fondateurs occupait une place prépondérante : pas moins de sept d’entre eux faisaient ainsi partie du corps professoral d’un institut d’enseignement supérieur ou universitaire, dont trois de la seule Lessius Hogeschool d’Anvers. À l’inverse, à peine trois y représentaient les associations professionnelles. Dans ce cadre, les statuts d’Eulita nous faisaient légitimement craindre une mainmise des instituts de formation sur la profession, sur fond de volonté, à peine voilée, de récolter un maximum de subventions européennes pour financer leurs recherches.
Il nous semblait tout aussi inacceptable d’un point de vue éthique que cette association concurrente de la FIT ait été précisément co-fondée par un ancien membre de son Conseil.
Malgré ces réticences et ces craintes, nous avions alors néanmoins décidé d’adhérer à Eulita en vue d’ouvrir la discussion et de tenter d’apporter une solution aux éléments qui nous semblaient inopportuns. En la rejoignant, nous nourrissions en quelque sorte l’espoir de redresser la barre.
Malheureusement, nous nous sommes heurtés à un mur. Comme nous le craignions, nous n’avons pu que constater qu’Eulita cherchait avant tout à s’imposer comme interlocuteur exclusif et à écarter la FIT et les associations nationales du dialogue avec les autorités européennes et nationales, pour ne faire valoir que sa vision et privilégier l’unique bénéfice de certains de ses membres associés.
C’est ainsi que Erik Hertog, professeur à la Lessius Hogeschool et co-fondateur d’Eulita, avait déclaré sans ambages que les traducteurs étaient incapables d’organiser leur propre profession. Fort heureusement, les parlementaires n’étaient pas de son avis.
Au lieu de soutenir les efforts de la CBTI, Eulita et ses représentants furent un véritable obstacle au vote de la loi sur le statut des traducteurs et interprètes jurés et à l’amélioration de leurs conditions de travail en Belgique. À la conférence TRAFUT, tenue à Anvers en 2012, lors de la présentation des progrès réalisés par les pays dans la transcription de la directive sur le droit à l’interprétation et à la traduction en matière judiciaire, seul fut présenté pour la Belgique le projet de loi de Mme Popleu, un projet qui n’avait même pas encore été officiellement approuvé par la ministre de Justice. Pas un mot ne fut prononcé sur les 5 propositions de loi déjà déposées au Sénat et à la Chambre sur la base du texte martyr de la CBTI ! Mme Grollmann n’avait pas manqué de faire part de son insatisfaction à la présidente d’Eulita, en demandant à cette dernière de lui accorder cinq minutes pour compléter le tableau. Mme Grollmann, représentante de la CBTI, n’eut jamais droit à la parole.
Le nombre impressionnant de subsides accordés par l’UE à des projets de la Lessius Hogeschool (aujourd’hui intégrée à la KU Leuven), avec le concours systématique d’Eulita, a également de quoi interpeller, a fortiori au vu des avantages plus que douteux qu’ils représentent pour notre profession.
Nonobstant cette situation, FIT Europe et Eulita ont décidé, cette année, de signer un mémorandum de coopération sans demander l’avis de leurs associations membres. Ajoutons que cette décision fut prise à une majorité contestable au sein de FIT Europe, à savoir 3 voix pour, 2 contre et une voix (dont nous savons qu’elle aurait été contre) considérée comme non valable. La CBTI, par la voix de sa délégation, a bien tenté de s’opposer à cette signature lors du congrès statutaire de la FIT à Berlin, en soulignant les doutes qui subsistent quant à la bonne foi d’Eulita et l’absence de réalisations ayant réellement bénéficié à la profession. Nous avons également insisté sur le fait que, selon nous, la signature d’une telle convention était un trop grand honneur octroyé à Eulita, qui se voyait ainsi mise sur un pied d’égalité avec la FIT. Nous avons plaidé avec force pour qu’Eulita, si elle était intéressée par une collaboration plus étroite avec la FIT, entame des démarches pour devenir membre, comme toute autre association. Malgré le soutien d’autres délégations, nous n’avons pas été entendus, et ce mémorandum fut signé.
Au vu de ces dernières évolutions, et avant tout de l’absence de retour sur les investissements financiers et humains consentis par la CBTI dans le cadre de son adhésion à cette association, nous avons décidé de mettre un terme à notre affiliation.
Vous trouverez le texte du courrier envoyé à Eulita sur notre site Internet.
Nous restons à votre disposition pour toute question à ce propos.
Cordialement,
Le conseil d’administration
Contact
Chambre belge des traducteurs et interprètes (CBTI-BKVT)
Rue Montoyer 24 / B12
B-1000 Bruxelles
Tél.: +32 2 513 09 15
www.cbti-bkvt.org