L’événement tant attendu a eu lieu dans la salle des fêtes du somptueux Radisson Blu Royal Hotel sis rue Fossé aux Loups, à Bruxelles. À l’occasion, la CBTI a fait une démonstration de force rentrant dans la promotion du corps du métier que constituent la traduction et l’interprétation. Le 25 septembre 2015 fut une journée riche, non seulement en enseignements, mais aussi en sons et couleurs, le tout dans une organisation et un timing frisant la perfection.
La montée des marches…
Les premiers invités qui arrivent sur le théâtre de l’événement dès 14 heures se font identifier auprès du duo d’accueil composé de Renée Jamaer (membre de Conseil d’administration) et de Valérie Yernault (secrétaire à la CBTI). Ils reçoivent chacun un package comprenant des informations utiles ainsi que du matériel destiné à la prise des notes. C’est à ces formalités d’usage que se soumettront tous les invités qui affluent au fur et à mesure qu’approche l’heure prévue du lancement officiel des festivités.
Le temps des retrouvailles et des prises de contact meublées d’exclamations ainsi que des éclats de rires joyeux dans la hall d’attente, hommes et femmes sont invités à s’installer confortablement dans la salle à l’effet de suivre le lancement de la première partie du programme, dédiée aux communications en conférence.
En scrutant l’horizon…
Dès 15 heures, l’honneur est revenu à Agnès Feltkamp, traductrice et membre du CA, d’inaugurer cette étape studieuse de la journée: «Certification ou déontologie? Quelle est la solution d’avenir pour les traducteurs et interprètes?». L’oratrice, spécialisée dans la traduction médicale, s’est évertuée à présenter les enjeux liés à chacun de ces deux catalyseurs (certification et déontologie) d’un rendement de qualité pour le traducteur et l’interprète d’aujourd’hui et de demain.
Et qui dit professionnel d’aujourd’hui et de demain, dit usage des nouveaux outils de travail. C’est justement ce sur quoi a porté la deuxième intervention du jour: «Translation Technologies and Freelance Translators: A CAT in the HAT». Comme dans la première communication, il est question d’avenir, sous la forme interrogative: Les avancées technologiques: quel avenir pour les traducteurs et interprètes? Guillaume Deneufbourg (traducteur, enseignant et membre du CA) explorera les tenants et aboutissants des avancées technologiques ambiantes en proposant aux principales questions: «Is this the ideal world?», «Tomorrow?-Do we have to worry?» des réponses apaisantes dont l’une empruntée chez A. R. Lommel: «Machine translation will displace only those humans who translate like machines».
Comme dans un mouvement de synchronisation bien ficelé, c’est pour apporter des réponses tout aussi rassurantes aux questionnements qu’impose la nouvelle donne dans le secteur, que le troisième orateur prend la parole; Rudy Tirry (président de la BQTA/EUATC) partage avec l’auditoire averti son point de vue sur «la collaboration entre agences de traduction et traducteurs indépendants: quel avenir dans un secteur soumis à une concurrence féroce?». Là aussi, il est question pour les actants du secteur non pas de craindre ladite nouvelle donne, mais plutôt de s’y adapter et de tirer profit de l’accélération quasi vertigineuse de l’histoire. Rudy Tirry, comme pour présenter les faits en images concrètes, aura le tact et l’originalité de débuter son intervention avec une vidéo sur l’évolution de la mécanique du rallye-automobile, dans un élan comparatif, de 1950 à 2013. Les cinéphiles d’un instant sont alors captivés par l’évolution – pour ne pas dire révolution – saisissante qui s’est produite en 63 années. Par analogie donc, c’est le même destin qu’a connu et que connait le secteur de la traduction/interprétation: des avancées technologiques éblouissantes, constituant, pourtant, la raison d’être de la crainte d’une déshumanisation (au détriment du cerveau humain) programmée de la profession.
«We still need the brain!», martèle Chris Durban qui clôturera l’Acte 1 des festivités. Dans une posture plus que rassurante, Chris Durban proclame sa foi en l’avenir du traducteur et de l’interprète humains qui sont toujours maîtres de leur destin. l’oratrice en appelle plutôt au professionnalisme agissant, décliné en quelques points essentiels: avoir l’estime de soi; être fier d’exercer le métier de traducteur ou d’interprète; trouver des domaines de spécialisation; cultiver l’habitude de s’auto-évaluer; perfectionner la rédaction; recueillir le feed-back de la clientèle; éviter des «idées fixes» aux élans défaitistes du genre «prices are heading down» (sur la rémunération adéquate). Dans sa communication intitulée «Building your business model – From frugal to sustainable to prosperous», Chris Durban a livré un véritable code de conduite à même de faire des professionnels ce qu’elle qualifie de «prosperous translators».
C’est sur cette exhortation galvanisante de Chris Durban, que l’auditoire et les quatre conférenciers se sont prêtés au jeu des questions-réponses. Les brefs échanges ont tourné principalement autour de la qualité du texte-cible: pour Rudy Tirry, «si le traducteur a affaire à un texte de mauvaise qualité, devra-t-il produire une traduction tout aussi mauvaise? Ce qui est certain, poursuit-il, c’est que le client ne verra jamais les fautes contenues dans le texte de départ, mais bien celles identifiées dans la traduction». Un point de vue que partage Chris Durban pour qui, «le devoir du traducteur c’est d’améliorer le texte»; mieux, «le traducteur peut effectivement devenir riche en déployant ses compétences rédactionnelles».
C’est sur ce regard tourné vers une vie en rose que traducteurs et interprètes indépendants, traducteurs et interprètes employés, enseignants, chercheurs, représentants des agences de traduction, étudiants et autres invités de marque iront à la pause-café, dans une ambiance bon-enfant. Il est alors 17 heures et 30 minutes.
Les acquis d’une association sexagénaire…
18 heures: retour en salle pour l’Acte II des festivités, non moins studieux: la séance académique donnera aussi lieu à un brainstorming. Rita Roggen, en sa qualité de présidente de la CBTI, prendra la parole pour souhaiter, au nom du Conseil d’Administration, la bienvenue à toute l’assistance. La traductrice et enseignante saisira cette opportunité pour réaffirmer ses ambitions et ses attentes, relativement à la nouvelle dynamique qu’elle entend injecter au sein de la Chambre. Dans le cadre de ce mot d’accueil, Rita Roggen a tenu aussi à dire toute sa gratitude à l’endroit de toutes celles et de tous ceux qui l’accompagnent déjà dans cette vision, afin d’entretenir la flamme allumée 60 années auparavant.
Et qui d’autre que Jean-Bernard Quicheron pour aider à remonter le temps, justement… Le président d’honneur de la CBTI, dans le style détendu et enjoué qu’on lui connait, a réussi l’exploit de ramener dans le passé un auditoire fort séduit, alors que jusqu’ici les communications se focalisaient plutôt sur l’avenir… Dans le brossage de «l’histoire de la CBTI», l’interprète et administrateur à la retraite, tout en rendant un vibrant hommage aux hommes et femmes qui ont fondé et fait fonctionner la CBTIP d’alors, a tenu à féliciter vivement les générations d’administrateurs successives qui ont su tenir la dragée haute, contre vents et marrées, au point de faire de la CBTI une «association royale». Arrachant des salves d’applaudissements et des éclats de rires dans la salle, l’ex-président de la CBTIP n’a pas manqué de rappeler au bon souvenir des uns et de présenter aux autres les acquis probants de ses 18 ans passés dans le fauteuil présidentiel de l’association.
L’un de ces acquis c’est, bien évidemment, la consolidation de la place de la Chambre au sein de la Fédération internationale des traducteurs (FIT). Henry Liu ne démentira pas ces états de service. Tout au contraire, le président de la FIT, évoquant «l’engagement de la CBTI et des Belges au sein de la FIT», s’attèlera à passer en revue les femmes et les hommes – dont René Haeseryn (vice-président de la FIT), Jacques Goetschaelckx et un certain Jean-Bernard Quicheron (trésorier) – issus de la Chambre et qui ont, par le passé, influé positivement sur le fonctionnement de la structure qu’il préside. Henry Liu terminera sur une note de satisfaction, proclamant sa foi en l’avenir de la CBTI, au vu de la posture et de la composition inédite (générations mixtes, origines variées, compétences diverses, parité homme/femme) de son nouveau Conseil d’administration.
Table ronde
Et c’est de l’«avenir des professions de traducteur et d’interprète» qu’il sera – encore – question, au cours de la table ronde réunissant autour de Rita Roggen (modératrice de circonstance) cinq intervenants triés sur le volet: Natascha Dalügge-Momme (présidente de FIT Europe), Frank Peeters (enseignant à l’Universiteit Antwerpen), Gurli Hauschildt (directeur au sein de la Direction générale de la traduction à la Commission européenne), Rudy Tirry (président de la BQTA/EUATC) et Patricia Kerrès (enseignante à l’Université Catholique de Louvain). Édifiant l’auditoire, tous se sont prononcés, à tour de rôle, sur les trois questions formulées ainsi:
- Que représentent pour vous la traduction ou l’interprétation? Autrement dit, quelle perception avez-vous du métier?
- Comment voyez-vous l’avenir de la profession? Doit-on nourrir des craintes pour l’avenir?
- Que pensez-vous de la corrélation qui existe entre les composantes suivantes: éducation, formation, emploi?
De toutes les réponses données par chacun de ces intervenants à la table ronde, ce que l’on peut retenir tient en un seul mot: optimisme.
Cet optimisme prend corps, lorsque Rita Roggen gratifie les orateurs de jolis cadeaux. Et la présidente de la CBTI, à sa grande surprise, se verra à son tour remettre un grand bouquet de fleurs des mains de Cyrille Ndjitat Tatchou, de la part de l’ensemble du CA. Il est 19 heures et 30 minutes.
L’agréable, après l’utile
Des visages radieux, au sortir de cette deuxième grande articulation des festivités. La splendeur de ces visages à laquelle se mêle le bonheur des palais de ces hommes et femmes mâchonnant des délicieux amuse-gueules tout en sirotant du bon champagne au goût exquis. Ce fut le cocktail, annonciateur d’un Acte III riche en décibels…
Une heure plus tard, retour en salle où les invités découvrent tout un autre décor, loin du dispositif studieux des deux premières grandes articulations. C’est un décor de salle des fêtes VIP qui servira de cadre à l’ultime partie des festivités. Un dîner en trois services, tout un programme…:
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Crevettes géantes décortiquées avec purée d’avocats, cœur de laitue, croustillant de poivrons et crème de piments doux.
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Filet de pintade farci aux champignons, mini légumes du marché; Émincé de canard fumé, salade de mâche aux pommes et compote d’oignons rouges; Dos de lieu rôti en croûte de lardons fumés, mousseline de céleri, gnocchi meunière.
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Craquelin aux noisettes et mousse de chocolat; Café, thé et mignardises.
Du champagne, du vin rouge, du vin blanc, de l’eau plate ou pétillante accompagnaient gentiment cette armada vitaminée, à travers tubes digestifs, vers des panses prêtes à relever des défis d’une digestion expresse. Car les pieds tapotaient le sol, l’orchestre distillant déjà ses premières sonorités.
22 heures et 30 minutes. Astucieusement, Rita Roggen, au détour d’un ultime remerciement qu’elle adresse tout spécialement à Ludovic Pierard, Geoffroy Destrebecq et Valérie Yernault, désigne illico presto son cavalier du tour d’honneur: Jean-Bernard Quicheron, président d’honneur…
Un quart d’heure plus tard, Rita Roggen ouvre le bal avec le cavalier désigné, dans un langoureux mouvement au ralenti générateur d’admiration. Puis ce fut la piste libre, où se précipitèrent sous les… projecteurs ces sieurs et dames travaillant le plus souvent dans… l’ombre. On saute, on glisse, on décale, on tourne, on fait tournoyer, on descend, on remonte… Les déhanchements cadencés sont dictés bon gré mal gré par de belles sonorités du rock, du disco, de la country-music… et même de la salsa africaine!
La victime collatérale de cette frénésie festive, c’est la bonne bière qui coule à flot…
C’est avec des chemises et des corsages trempés de sueur que les uns et les autres lançaient, comme un cri de guerre: «Rendez-vous en septembre 2025!!!».
Cyrille Ndjitat Tatchou