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Le malaise des traducteurs et interprètes jurés bouscule le quotidien de trois palais de justice en Flandre

Le vendredi 14 novembre 2014, une soixantaine de traducteurs et interprètes jurés (TIJ) se sont rassemblés à Bruxelles, Anvers et Gand pour exprimer leur mécontentement dû au défaut de paiement par le SPF Justice.

Un cri d’angoisse face à une situation intenable

La situation financière des traducteurs et des interprètes jurés en Flandres et à Bruxelles va de mal en pis. Les factures impayées remplissent les étagères des greffes, les experts accumulent les créances, et les magistrats ainsi que la police ont de plus en plus de difficultés pour trouver un traducteur ou un interprète juré qualifié prêt à travailler pour les SPF. Ce malaise, ressenti par un grand nombre de nos collègues traducteurs et interprètes jurés, a poussé certains d’entre eux à organiser une action intitulée «Aujourd’hui on se tait dans toutes les langues», tout en sachant que le lundi 17 novembre 2014 une délégation constituée des représentants de la CBTI, de Lextra Lingua et des TIJ non-affiliés devait tenter une nouvelle fois d’attirer l’attention du SPF Justice sur la situation dégradée et dégradante de notre secteur. L’idée derrière cette action était d’en faire un moyen de pression dont nos représentants pourraient se servir dans leur négociation avec le ministère en cessation de paiements. Un moyen de pression, certes, mais également un cri de naufragés appelant la population et les média à leur secours.

Devant le palais de justice de Bruxelles, une vingtaines de TIJ ont enfilé des t-shirts noirs illustrant des interprètes muets. La presse avait été informée la veille de leur action dans une lettre ouverte. Les policiers de service ont essayé de les décourager en leur demandant de quitter les lieux en raison de «manifestation non-annoncée» ou bien de rester sur place mais sans porter les t-shirt. Ils se sont dès lors placés calmement devant les portes d’entrée. La présence des médias a réconforté le cœur des collègues grelottants de froid, qui s’exprimaient devant les caméras.

Bien plus que les seuls impayés

Quand bien même la raison principale de cette action était de nature financière, elle fut également l’occasion d’évoquer des conditions de travail presque médiévales. Les journalistes – VRT, Brussel nieuws, Radio 2, De Volkskrant, HLN, De morgen, Belga, etc., – avides d’informations sur cette situation scandaleuse, ont largement rapporté sur le désarroi des TIJ qui doivent s’endetter pour survivre tout en payant à l’État la TVA et les contributions sociales sur des factures que le même État leur doit. Mais le représentant de la CBTI a tout de même pu parler du statut des TIJ, de la nouvelle loi qui n’est pas encore publiée et de la concertation prévue pour le lundi prochain.

Mission accomplie

Pour la CBTI, c’est mission accomplie: nos collègues ont pu constater notre soutien et notre connaissance du dossier. Les TIJ ont regretté le peu de soutien des magistrats à Bruxelles, d’autant que les collègues anversois ont été autorisés à enfiler leurs t-shirt dans la salle des pas perdus, soutenus par les magistrats non seulement moralement mais également par leurs présence physique!

L’action, à laquelle la CBTI avait décidé de s’associer afin de promouvoir le statut des TIJ dans notre pays, a duré environ deux heures. J’ai été heureuse d’avoir pu discuter avec les vétérans de ce métier mais aussi avec les jeunes enthousiastes, fière d’avoir représenté la CBTI à cette action et persuadée que notre chère Doris Grollmann va bientôt pouvoir compter sur un soutien encore plus fort dans sa croisade de plus de vingt ans pour les TIJ. Même s’ils espèrent ne plus devoir les enfiler, les manifestants ne jetteront pas ces t-shirts noirs dont ils risquent d’avoir encore besoin, peut-être en tant que membres de la CBTI.

Marija Blagojevic
Commission sectorielle «Interprètes»
CBTI-BKVT